L’OMBRE ET LA PARTITION

Une chanson d’amour sur les notes d’un piano, un bouquet de noire et blanche dans l’ombre des lierres suspendus. Les notes se sèment dans les jardins et sur les parchemins accrochés au fils de la partition… Dans la nuit, la musique vibre, la mélodie s’enfuit sous la lumière des réverbères, sa silhouette noire d’une robe et d’une ombrelle en dentelle s’évanouit.


« Dentelle noire, dentelle blanche
Un dernier accord suspendu
Marque le début de la nuit.
La fine silhouette disparue
Au loin entre les branches
De l’allée bordée de buis
Tremble sur l’horizon nu.
Ombre noire, ombre blanche
Reflet de lune entraperçu
Sous les réverbères tout s’enfuit
La ritournelle s’est tue. »
Octave de Méthylène

Cet article a été posté dans *poésie et taggé #lombreetlapartition, #octaveseméthylène, #piano, ღ433 le 25 novembre 2015


OMBRE ET POIRIER

« – Le temps me manque à rêver sous ce poirier, le vent fit choir les feuilles et les poires. Les saisons passent laissant seul un tronc et des bras nus sous un ciel pleurnichard. »
Danielle


Il fait bon lorsque à l'ombre de ce poirier,
Le printemps revient toujours et son ombrage à éclipse,
Suivant en cela l'ensoleillement des saisons,
Reviendra à point nommé lorsque l'année suivante aura bien débuté.
Quatre mois, le temps de lire une vingtaine de bouquins pour patienter….
Heureusement les livres ne perdent pas leurs feuilles en hiver
Et l'hiver est propice à leur lecture. Oublions donc le ciel pleurnichard
En retrouvant le sable des plages entre les pages de nos livres..
Octave de Méthylène


Une vingtaine de livre à lire c'est idéal,
J'aimerai aussi regarder les feuilles tomber d'en haut,
C'est une idée qui toujours m'emballe,
Un automne, un hiver,un printemps bien au chaud
Et j'aimerai croquer les poires enveloppées dans le journal,
pendant l'hiver en regardant la neige par mots et par vaux
Un défi de pages entre les mots sous le vent mécontent,
La mort de l'été dans les couleurs de l'automne,
Parfois les livres d'images tombent sur le sable,
Leurs feuilles nourrissent de leur mort la vie des géants,
Rêvant des regrets amoureux qui se pelotonnent,
Reste de maillot, de mer sous les manteaux supportable.…
Danielle


Nous imaginerons les poires à manger quand il fera beau
Et nous lirons les livres pendant tout le temps qu'il fera froid
Dehors la neige nous construira de gigantesques châteaux
Aux long toits pointus tutoyant les étoiles
Du sommet des tours ce sera idéal pour regarder les arbres d'en haut
Le vent de l'automne balaie les mots mécontents,
Les couleurs des images ensevelies sous le sable,
Quand les regrets seront devenus intolérables,
Renaîtra l'été quittant son manteau de géant.…
Octave de Méthylène


Les poires juteuses se croquent pendant l'hiver au chaud,
Je n'ai pas envie de passer mon nez d'hiver dans les livres 
Mais sous les draps quand dehors la neige et le froid s'enivre,
et promener mon nez rouge entre les troncs médiévaux...
Danielle


Sorcière blanche le matin, pour les sortilèges de la journée
Fée Urgande le soir pour la ronde des songes de la nuit
Des contrées perdues de Narnia aux côtes sombres de l’Écosse éloignée
Ton corbeau noir fidèle et attentionné t'accompagne indifférent au temps qui s'enfuit.
Octave de Méthylène


Dans ma foret oubliée, j'y suis accompagnée de mon corbeau,
J’égrène les fables, d’âges passés entre les arbres dépouillés,
Entre les troncs fuselés, je suis la sorcière plongée dans le tableau.
Danielle


Cet article a été posté dans *poésie et taggé #octavedeméthylène, #poire, #ombre, ღ434 le 24 novembre 2015


LA RELÈVE

La relève s'inspire des autres et d'un ailleurs, toujours plus beau, toi, qui dans la lumière, tu nous confies tes feuilles, un jour, tu me confieras ton bois pour en faire un livre ou bien un pupitre.
Aujourd'hui, je te contemple parmi les grands qui te dominent et de protègent....

Cet article a été posté dans *poésie et taggé #arbre, #larelève, #bois, ღ422 le 01 novembre 2015


LA BELLE SAISON DORÉE

Deux noisettes et trois pommes pour un gâteau, à grignoter sur la dune de mes hanches,
Deux noix et trois cent soixante grains de raisin pour pécher devant le soleil divin,
Dans la campagne, ramasse les quelques châtaignes pour hier et demain aussi,
Et sur les vitres, caresse les filets de pluies fines, les douces larmes de la nature folle,
Enfiler nos bottes, et courir dans les prairies, ramasser les mousserons sous auréole,
Et d’amour pour mon corps, laisse jaillir tes pluies diluviennes nourricières.

Regarde les feuilles d’automne sénescente jaune, en ocre, en rouge couleur indécise,
En pourpre, et même fluorescente, dans l’éclat des derniers rayons du soleil rafraîchissant,
Sur le lit de feuilles, des sous-bois humides, sentir ton regard blême d’envie,
Mais les yeux des bois féeriques observent, remplis de curiosité et de jalousie,
La campagne s’emplit d’arôme d’humus corsé et de sureau nauséabond pourri
Les geais en alerte par notre insertion, dans leur intimité s’envolent sur-le-champ.

Cerfs, biches, sangliers et marcassins, gibiers sur le qui-vive à chaque bruit suspect grogne
Et puis, soudain, les coups de fusil résonnent dans l’atmosphère, troublant l’ambiance,
S’arrêtent brusquement sur les terres fumantes, les coups de pied dans les brindilles,
Débusquer la morille, petit champignon glissé dans la gibecière couvrant le dos rond,
Le ramierabattu n’a pas eu de chance et ne verra plus la neige blanche sur la terre,
Et dans le lointain, le cerf tyrannisé par la meute de chiens beugle d’impuissance.

Par sa rauque puissance, il brame sa mort prochaine dans ces bois de Sologne,
Le jeu d’étourneau chahuté par le merle se moque de la mort de l’autre, insensible,
Le merle chassé par le corbeau annonce le mauvais temps pour l’arrière-saison,
Sur les fils, la pitance en partance, vers les pays migrants chauds s’égosillent,
Dans les jardins tristes restent suspendus cinq grains de raisin pour la faim,
Potagers maigres, les grosses citrouilles comme des seins ronds te nourriront.

Au cœur de l’automne, les buses et renards démasqués par leur estomac grouillant,
Sèment la pagaille, dans le garde-manger des paysans euphorique, levent les bras en l’air,
Au milieu des volailles, des plumes blanches, noires et rousses volent dans le firmament,
Les coups de vent balancent les branches annonçant dans la danse la future saison,
Chute des feuilles et des glands, un dépouillement digne des amants sur la mousse d’or,
Tourbillons des samares, largués comme millions d’ailes d’hélicoptère s’immobilisent.

Sur cette chair chaude et de ses vallons fertiles, de plaine nue et vaporeuse,
Sur sa peau sombre, les coups de couteau strient les champs du labour,
Plaine ocre et marnes bleues, d’une couverture de feuillées multicolores,
Brumes persistantes dissimulent les amoureux sur les sentiers invisibles,
Nimbe des villages de brouillard épais emmitoufle la vie, se ralenti le jour,
Gelées blanches, et ce frais fument sur nos lèvres des je t’aime pour l’hiver.

Les robes de fumées blanches gigotent en silence au-dessus des maisonnées heureuses,
Châtiment plaisant pour les cheminées décrassées, à leurs pieds les amants s’épanchent.

Cet article a été posté dans *poésie et taggé #automne, #saisondorée, #gibier, ღ274 le 10 octobre 2015