Un raid aérien britannique au-dessus de l’usine Renault de Boulogne-Billancourt comptabilise six-cent-vingt-trois morts et mille-cinq-cents blessés.
Nous sommes anéantis. Cinq personnes de notre famille ont péri, Didier dans l’usine où il travaille. Deux de mes tantes Anne-marie et Bernadette qui hébergeaient sa femme Martine et son fils Michel ont quitté ce monde, dans le sillage des avions des dommages collatéraux ; comme ils se murmurent. L’appartement a été pulvérisé et toute la famille décimée.
Je cherche un cloître, une vierge de pitié aux yeux rougis, pâle de douleur dans ma prière du soir, besoin de me ressourcer à la cathédrale, mystérieuse comme la forêt. Je revis mes souvenirs de famille vivante et unie. Adieu famille.
Marie-Christine part à Paris en renfort.

Début d’année. elle s’écoule après un hiver très rude et nous pouvons imaginer les souffrances de ceux sur le front ou dans les camps de prisonniers. La vie civile, elle-même n’est guère facile, quant au chauffage et à l’alimentation, nous vivons avec de maigres rations. Une chance que nous soyons bien organisés. Nous avons lié des liens très fort avec les familles. Papa a su faire son chemin dans les activités municipales. Ma participation à la résistance reste bien maigre. La vie aérienne devient plus intense par épisode.
Le comte Tarbouif me prévient que les Allemands doivent tenir une réunion chez lui. À l’affût dans le grenier, avec un interprète, nous attendons ces Allemands. Un échec !
Au retour, surprise ! Nous rencontrons les Tabuteau sur la propriété. Je feins une entrevue amoureuse avec le chef de gare. Ils nous montrent leurs cannes à pêche, mais il n’y a pas un seul point d’eau à plusieurs kilomètres à la ronde. Je n’ai pas confiance !