SOUS-BOIS
Éphémère à la lisière du bois,
Je te croise, je rentre de l’école,
Tu me salues quand tu me vois,
De printemps au déchirant destin,
Tu renais m’offrant tes clochettes,
S’approche mon innocente main,
Décapite tes cloches violettes,
Nous sommes deux sauvages,
Que la pollution ravage...
COCCINELLE
Si j’étais coccinelle, je jetterai des œillades,
Je déploierai tout mon savoir au printemps,
Je te raconterai mon hiver dans un mouchoir,
Tu aurais beau dire ou beau faire, tendre la main,
Tu ne résisterais pas à mon charme de demoiselle,
Je te jouerai la parade et la chanson de la jolie coccinelle,
Si j’étais coccinelle, nous irions en escapade,
Gobant de fleur blanche, aux rosiers débutant,
Les jeunes pucerons ignares et campagnards,
Tu oserais me regarder, me présenter ton chien,
Mon teint ne te siérait point, passe l’hirondelle,
Ton regard s’enfuit, me voilà doublée par une pucelle...
MILLE-FLEURS
Tous les jours, elle jette les fleurs comme une douleur,
Chaque jour, il remplit le vase enchanteur, de bonheur,
Chaque jour, elle largue l’eau, les fleurs et les leurres,
Elle revient détruire le vase aux rais-de-cœur, selon l’humeur,
Chaque jour, il change l’eau des fleurs, un rameur,
D’un sourire et des fleurs multi-couleurs, le collectionneur,
Chaque jour, elle casse l’intérieur, une belle erreur
Il ramasse les morceaux du cœur, tous les quarts-d’heure,
Horreur, elle recommence à balancer les fleurs,
Crève-cœur, chacun de leur côté dominateur,
Amadoueur, lui remplit l’amphore, elle l’écœure,
C’est reparti, elle rejette l’horticulteur et ses fleurs,
Chaque jour, il joue l’ambassadeur avec ses fleurs,
Mains sur les hanches, elle pleure de douleur,
Elle hurle silencieuse, elle est allergique aux fleurs,
Aujourd’hui, un vase transparent, à l’intérieur
De la fraîcheur, un poisson : un Cœur Saignant1.
POUSSIÈRES ÉPARSES
Poussières éparses des restes des ténèbres perdus,
d’une nuit de grand rêve aux folles idées étranges,
j’ai gardé à jamais ces sauvages paysages,
vers un délassement d’arbres de branches sans feuillage,
Ton ombre imprécise tournait autour de mon nu,
comme la flamme engourdie, timide et rougissante,
d’une vieille amante au charme sombre et pernicieux,
courant dans la prairie croquer le fruit mûr véreux,
Dans le miroir disparaît le reflet de ton individu,
abîme troublant où se perd toutes les étoiles d’ange,
dans un fragile matin, apparaissent l’horizon et son clou d’or,
et ton baume trompeur s’emmêle à l’air et au décor,
Cette porte muette dans le brouillard ne s’ouvrira plus,
le vent dissipera encore ses restes d’instant orange,
et mes pensées se fonderont dans les touches du clavecin,
au chant du corbeau et à l’assaut du réveille-matin,
Dans ma mémoire, un reste de château, d’étagère de livres lus,
des grands murmures d’eau dégringolaient derrière les fanges,
s’écarte à regret la nuit d’orage où jouait la lumière,
une journée commence, frémit, s’accroît dans la poussière.
OS
le temps me vieillit,
ronge mes os,
l'amour croit,
j'attends la noce.
TOURTEREAUX
le bonheur à deux,
ils font leur nid,
s'acoquinent du désir
à la belle saison.
SENS INTERDIT
Panneau sens interdit-
Vu dans le rétroviseur
C'est éteint hier
LUMIÈRE
Rêves d'ailleurs
La lumière exige le temps
à porter de main
l'autre descend.
SOMMEIL
La nuit nous appartient,
De l’état d’âme à l’aube blanche,
Dans une conversation de conscience,
Au pays si étrange,
Je dors et m’enfonce,
Dans le secret des rêves,
Richesse de l’âme.
Au matin s’enfuit,
Le vacarme du théâtre des songes.
INSATIABLE
-Insasiable-
Assoiffé d'amour et de vin,
Ruse de printemps,
Oscille l'audacieux.
CHEMIN
Sur le chemin plat, à ces heures-là,
Heures qui se renouvellent « t’es point là » :
Brutalement ; me souffla le vent,
J’ai senti la sérénité planée doucement,
J’ai feuilleté les pages des nuages,
Celles qui restent secrètes à l’Âme,
Ma plume sur ce chemin, vit ton allée,
En levant les yeux, au-dessus de la pluie,
S’abritait le soleil sur le ciel endormi
Sur mes épaules, un essaim de pensées…