JOURNAUX

Maman nous inscrit, Marie-Christine et moi à un cours de couture dirigé par une amie que nous connaissons bien. Madame Lainé, une fidèle des pèlerinages à Lourdes où se trouvent papa et tous les autres. Son cours regroupe des fourreurs de Paris. Sa fille Françoise en classe de troisième avec papa, me fait connaître Olivier Marottier qui devient mon correspondant et m’apporte gare Saint-Lazare les paquets de journaux que je rapporte à Gournay.
Parfois, avec Marie-Christine ou Françoise, nous perdons sur le quai tous nos journaux, sans que les voyageurs et les soldats qui nous voient les ramasser, semblent s’apercevoir de l’incident dangereux.


◃ Résistance
Aufil des heures ▹


Cet article a été posté dans *histoire et taggé #1941, #lainé, #françoise, #marottier, #journaux, ღ 038 le 01 août 1941


RÉSISTANCE

Je cherche un moyen d’entrer dans la résistance. Quelques pistes, quelques échecs.
Entre deux chasses aux bestioles, deux prisonniers de guerre libérés du stalag VII A, où se trouve André, viennent nous donner de ses nouvelles. Les deux garçons, monsieur Louziou pianiste concertiste actuellement sans emploi et Gérard Le Paon, comte de Macin étudiant, susnommé de nom d’emprunt bien sûr, accueillis par ma famille comme des rois, gardent la chambre de Marie-Christine. Ces garçons ne font jamais le ménage, ni la vaisselle.
Un jeudi parisien, ils m’emmenèrent à un rendez-vous dans un hôtel qui se révélait être, en fait, « une maison de passe ».
Plusieurs fois, je les rejoins. Progressivement, nous pressentons une convergence d’idées et la même soif d’agir. Grâce à un plan précis du dépôt de munitions dans la forêt de Quoquard, ils me proposent de participer à une collaboration, dont ils me disent faire partie. Je serais chargée par leur patron de former à Gournay un groupe de travail, d’hommes, exclusivement, précisent-ils. Peu à peu, des entrevues se font et une structure se crée, extrêmement cloisonnée. Le premier intéressé fut Pierrot Molanche (au pseudonyme multiple). Je le sollicite dans son herboristerie si sympathique et odorante. J’ai déteint mes cheveux à l’eau oxygénée et il me baptise Argentine. Viennent ensuite : monsieur Lesinoquet, ingénieur des eaux et forêts ; monsieur Finance, Alsacien, interprète à la Kommandantur, bouleversé par la fréquence des lettres anonymes de dénonciation, en détruit le maximum ; le chef de gare, monsieur le comte Tarbouif ; monsieur Petitsanslesou, le directeur de la banque ; le docteur Gouspin ; mademoiselle Logan, en poste chez nous ; le colonel Busard contacté chez lui en forêt de Nyons et qui accepte de nous épauler. En allant chez lui, je fis une chute à vélo qui me laissa égratigner visible quelque temps. Ce ne sera pas la dernière. Tous ces hommes sont disponibles et osent le risque. Les congés et vacances me permettent d’aller à Rouen (voir mon oncle Didier à l’hôpital) où je fréquente un communiste au « Magique Chaumière ». Un des professeurs de la pension Sainte-Hildegarde mit sur mon chemin une de leurs amis, Julie Rauches, qui désire, elle aussi, entrer dans la résistance.
Ensuite, les deux camarades de mon oncle André s’évaporèrent.


◃ Drôle de récolte
Journaux ▹


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