Texte précédent : Croix-Rouge
Nous avons dû nous habituer aux tickets d’alimentation imposés par Paul Reynaud. À la chute du jour, nous devons observer le black-out depuis le 10 mai, c’est-à-dire pas de lumière, quelle qu’elle fût. Le noir total ! Ce soir, il y a du mouvement dans le ciel, il fait si bon. Nous papotons les filles et moi accoudées à la fenêtre de notre chambre. Alerte inattendue ! Un avion passe très bas au-dessus de la maison et lâche une bombe qui éclate derrière le mur du jardin. Un cri absolument strident jaillit, nous affolant d’abord. Nous réalisons que c’est le paon d’un voisin qui hurle sa terreur et provoque chez nous un rire nerveux inextinguible. La fenêtre fermée précipitamment. Nous descendons quatre à quatre les marches, les petits dans les bras et tout le monde cours se réfugier dans la grotte, les adultes ferment la fuite. Heureusement, la lune peu présente éclaire notre chemin. Le calme revenu au petit matin, chacun regagne la maison contempler les dégâts sur le muret du jardin défleuri. Un trou béant. Fatigué, nous allons nous coucher. Le sable de la nuit, frais et humide, nous a glacés.
texte suivant : Juin 22 juin 1940